Weird Glyphs that you might not know about!
author=Studio Ground Floor% authorlink=https://www.instagram.com/studiogroundfloor/%

Bienvenue dans la deuxième partie de notre exploration des glyphes étranges ! La première partie a été publiée dans la newsletter Pangram Pangram, alors abonnez-vous (si ce n'est pas déjà fait) pour ne rien manquer !

D'une croix à une exclamation, en passant par un triangle ou un losange étrange, de nombreux glyphes insolites, aux histoires et aux usages fascinants – que vous pourriez trouver très utiles – façonnent silencieusement nos textes. Nous pensons que ces humbles éléments méritent une plus grande attention dans la typographie moderne. Que vous soyez passionné ou simplement curieux des détails cachés entre l'écrit et la typographie, vous trouverez ici votre bonheur.

Le Pilcrow ¶

Les paragraphes sont partout – impossible d'en trouver un qui traîne (il y en a un juste ici !) – mais sous chaque saut de ligne se cache un petit personnage : le Pilcrow. Caractère plutôt élégant, le Pilcrow est un glyphe historique, existant depuis le Moyen Âge. Initialement utilisé pour indiquer le début d'un nouveau paragraphe ou d'une nouvelle section, il est aujourd'hui tombé en désuétude, mais il reste un héros de la composition et des logiciels de traitement de texte (assurez-vous simplement de sélectionner Choisir le type > Afficher les caractères cachés dans InDesign), indiquant le début d'un nouveau paragraphe. Il est intéressant de noter que le mot « pilcrow » lui-même dérive du grec paragraphos, qui signifie « écriture à côté ».

Le Poignard (et le Double Poignard) † ‡

La création typographique est rarement aussi périlleuse, mais nous y voilà. La Dague (†), surnommée l'Obélisque, et sa suite, la Double Dague, connue sous le nom de Diesis, sont des symboles typographiques à l'histoire passionnante et poignante. Issu de textes anciens, généralement religieux, le symbole de la dague servait à marquer des corrections ou des annotations dans les manuscrits, son homologue doublé (‡) constituant souvent une note secondaire. Ces deux symboles étaient couramment utilisés dans les premiers livres imprimés pour indiquer des notes de bas de page ou des références, notamment avant l'introduction des systèmes de notes de bas de page numérotés ou alphabétiques. Certains utilisent encore cette technique aujourd'hui : la dague désigne une note de bas de page lorsqu'un astérisque (*) a déjà été utilisé. La double dague suit lorsque plusieurs notes de bas de page sont nécessaires.

Dans les premiers usages historiques, il est devenu fonctionnel comme indicateur de décès, soit devant le nom d'une personne pour signaler son décès, soit devant une date pour indiquer l'année de son décès (probablement une mort par poignard). Curieusement, cette pratique a perduré jusqu'à nos jours, quoique dans un contexte légèrement différent, pour indiquer une date de décès, notamment dans les notices biographiques. Sa ressemblance visuelle avec une croix a renforcé cette association avec la mortalité. Amusant !

Le Losange ◊

Le losange (◊) est une merveille. Ce glyphe en forme de losange est très glamour, mais au-delà de sa beauté se cachent tradition et fonctionnalité. Le losange était utilisé aux débuts de la typographie pour indiquer une puce ou, plus précisément, pour mettre en évidence une section de texte, à l'instar des astérisques ou des puces contemporains (ennuyeux !). Moins courant aujourd'hui, il est encore présent dans les jeux de cartes (incarnant sans surprise la couleur du carreau) et est parfois utilisé en mathématiques pour représenter des opérations. En héraldique, il est utilisé comme bouclier, notamment pour représenter les armoiries féminines, appelé « écusson », symbole d'honnêteté et de constance. Sympa !

Le Dinkus ⁂

Hahahahahahahaha. Trop bien. Le dinkus (⁂), oui, le dinkus, est un ornement typographique peu connu et le meilleur nom de glyphe existant. Composé de trois astérisques disposés en triangle, son origine est moins claire que celle d'autres symboles typographiques, car on dessine vraisemblablement de petites étoiles depuis longtemps. On pense généralement, cependant, qu'il a été créé au XIXe siècle, suite à l'essor de l'imprimerie, comme élément décoratif en composition typographique. Pas de dague morbide, simplement de jolies formes !

Il a néanmoins une utilité très agréable comme marqueur pour indiquer une rupture ou une transition dans un texte, prévenant ainsi les lecteurs que les choses sont sur le point de changer… Les petits dinkus apparaissaient généralement dans les romans, les magazines et les journaux pour marquer les changements de scènes ou de pensées, notamment dans les feuilletons, offrant une fonction similaire à son cousin, l'astérisme (que nous aborderons dans la prochaine newsletter) ! Je pense pouvoir dire sans me tromper que les dinkus sont tombés en désuétude, alors, dans cette newsletter PP, je lance officiellement un appel pour qu'ils reviennent. Qu'est-ce que c'est ? Juste un espace vide pour séparer du texte ? Comme si. Laissons mon fils, le dinkus, s'en mêler. REDONNONS À NOS DINKUS UNE GRANDEUR EXCEPTIONNELLE !

Le signe de section §

Le signe de section (§), aussi appelé « double S » ou « silcrow » (comme c'est mignon), est un glyphe polyvalent qui remonte au droit romain antique, où il était utilisé pour désigner une section ou un paragraphe particulier d'un document. Toujours soucieux des apparences, on le retrouve aujourd'hui couramment dans les documents juridiques, la législation et les références académiques pour désigner des sections spécifiques, d'où son nom original !

L'Interrobang ‽

InterroBANG BANG dans la salle. Fort et fier, l'interrobang (‽) est une innovation typographique relativement récente combinant les fonctions d'un point d'interrogation et d'un point d'exclamation, imaginée par le publicitaire américain Martin K. Speckter en 1962. Bravo, Martin !

Conçu pour transmettre à la fois la surprise et l'interrogation dans un symbole unique et efficace, il est juste de dire que l'interrobang est la voiture haute performance du monde des glyphes, et peut-être aussi son meilleur créateur de mots, tirant son nom du mot-valise « interrogation », faisant référence au point d'interrogation, et « bang », terme d'imprimeur pour le point d'exclamation.

C'est arrivé au bon moment, avec l'essor de la publicité mondiale (voir : Don Draper), et le monde du marketing n'a pas déçu, s'emparant du Speckter. Pendant un temps. Bien qu'il ait cru que sa passion et sa double signification perdureraient, boostées par son utilisation dans les machines à écrire Americana et Remington, il est quelque peu tombé en disgrâce, du moins pour un usage quotidien. Malgré cela, l'interrobang est un petit bijou unique, une œuvre typographique fascinante à l'intersection du langage, du design et de la communication. Son manque de popularité, cependant, nous paraît un peu insensé, après tout, combien de fois écrivez-vous « ?! » Genre, tout le temps ?! Alors, je reprends mon discours. iMessage, WhatsApp et autres, introduisent l'interobang comme une alternative contextuelle à la frappe. On peut tout faire si on croit en soi !!!

Vous pouvez retrouver la plupart de ces glyphes dans toutes nos polices ! N'hésitez pas à les essayer !